Sans doute l’un des troubles les plus connus de la famille des « dys — », avec la dysphasie, la dyspraxie et la dyscalculie, la dyslexie est un dysfonctionnement cérébral ou psychique générant des difficultés d’apprentissage de l’écriture et du langage, se traduisant par une inversion des données.
Reconnu comme un important facteur d’échec scolaire chez l’enfant, des chiffres indiquent qu’il affecterait 10 % de la population française, entre 5 % et 15 % des enfants, plus fréquemment les garçons et davantage les gauchers. Alors, sous quelles formes se manifeste-t-il ? D’où vient ce trouble ? Comment le corriger ?
Sommaire
Comment se manifeste la dyslexie ?
La dyslexie se caractérise particulièrement par les confusions sonores et visuelles entre les lettres qui observent une certaine similitude graphique et qui sont symétriques par rapport à un axe mais également, par des inversions de syllabes. L’enfant est comme « perdu dans l’espace et le temps », laissant apparaître des défauts de concentration.
D’où vient ce dysfonctionnement ?
Alors que la dyslexie est souvent assimilée à de la paresse et un manque de sérieux chez l’enfant, des études ont révélé qu’il s’agit bel et bien d’un dysfonctionnement situé au niveau du cerveau. Ce trouble se manifeste particulièrement au moment de l’apprentissage de l’orthographe et de la lecture, l’enfant ayant une difficulté à faire correspondre un mot à un son.
Une équipe de chercheurs français, grâce à une IRM fonctionnelle, a constaté l’absence d’activité d’une aire dans le cerveau chez les personnes dyslexiques, au moment de la lecture. La même aire du cerveau est toujours inactive et ce quel que soit la langue de l’enfant, sauf pour les Chinois. Pour ceux-ci, l’aire motrice est cette fois touchée en raison d’une représentation différente de leur écriture (par des dessins).
Les parents souffrent également souvent de troubles dyslexiques
Une étude belge, publiée dans la revue Science, a également confirmée cette théorie, la dyslexie serait bien la conséquence de mauvaises connexions dans le cerveau. Ces chercheurs de l’Université catholique de Louvain (KUL), se sont demandés pourquoi les personnes dyslexiques ne parvenaient pas à retranscrire en mots écrits les sons qu’ils entendent (et comprennent) pourtant correctement.
Grâce à une observation par IRM des cerveaux de 45 adultes (dont 23 souffrant de dyslexie) pendant qu’ils écoutaient différents sons, ils ont bien constaté que ces sons étaient perçus de la même manière par tous. À travers une seconde expérience, ils ont pu observer que le « gyrus temporal supérieur, la région contenant le cortex auditif, n’était pas correctement lié au gyrus frontal inférieur, une zone impliquée dans le développement du langage et de la parole », ce qui les a amenés à décrire la dyslexie comme « un trouble qui déconnecte le cerveau ».
Le Pr. Pierre Debray-Ritzen a, par ailleurs, constaté que 62 % de son groupe d’enfants dyslexiques avait des antécédents familiaux de dyslexie. Dans ce sens, une étude récente a révélé que des marqueurs génétiques à ce trouble peuvent être identifiés avant même l’apprentissage de la lecture, permettant alors de résoudre cette difficulté dès les prémisses.
Comment le corriger ?
Une bonne nouvelle, ce dysfonctionnement peut se traiter. La solution la plus classique (et essentielle) reste celle de l’orthophonie, à raison de trois séances par semaine pendant deux à trois ans. À cela s’ajoutent d’autres traitements en cours d’exploration, notamment par l’apprentissage de la musique. Le scientifique Michel Habib nous indique que « l’apprentissage de la musique agit sur les mêmes circuits que ceux qui font tant défaut aux dyslexiques ». Il y aurait alors une piste à suivre, le CNRS de Marseille travaille activement à son développement.