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Implants Files : le scandale sanitaire des implants

pacemaker Perouze
© Perouze / pacemaker

Le 25 novembre 2018 est à marquer d’une pierre blanche. Cette date est celle à laquelle les groupes journalistiques membres de l’ICIJ ont décidé de divulguer les résultats – alarmants – de leur grande investigation : l’Implants Files. 

Un implant ou un filet de mandarine

Deux journalistes néerlandaises font un parie fou : tenter d’obtenir le marquage CE pour un filet de mandarines. Le marquage CE, c’est un peu le saint Graal, c’est le certificat permettant la commercialisation, notamment d’implants, en Europe. Mais voilà le problème, pour obtenir ce marquage, il faut passer par un organisme certifiant ou plutôt l’UN des organismes. Vous comprenez ?

À la différence des États-Unis, l’Europe ne dispose pas d’un établissement comme celui de la Food and Drug Administaration. Autrement, plusieurs organismes sont capables de délivrer le fameux sésame, et évidemment, ces établissements se font de l’argent sur les produits ainsi commercialisés. Pour obtenir le marquage, juste un dossier, des photos, et votre produit passera en commission. Pas de vérifications visuelles, ou de tests cliniques. Non, juste un dossier.

Les deux journalistes ont donc rempli leur dossier, et envoyé les photos de leurs filets à mandarines, et ce à trois organismes différents. Devinez : tous ont accepté. Qu’est ce que cela signifie ? Que le produit, avait désormais le marquage CE et qu’il pouvait être vendu comme implant (et ainsi évidement être implanté).

essure implant
© Capture vidéo / Youtube / Essure Implant

Le vide sanitaire

Suite à cette annonce, 36 pays se sont lancés à la chasse aux informations pour essayer de comprendre les tenants et les aboutissants du problème des implants. Comment pouvait-il être vrai que des implants, un mécanisme médical, pouvait être implanté à l’intérieur même d’une personne sans qu’aucun test n’ait été fait ? Il serait impensable de délivrer un médicament sans qu’il ait été testé. Pour faire une comparaison simple, même les bonbons sont au préalable testés, alors un implant ! Eh bien non, ce n’est pas nécessaire, et c’est là tout le problème.

Pour le français, un nouveau problème voit le jour. En effet, nous disposons en France d’un registre de “matériovigilance” de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). «Un registre qui répertorie tous les incidents signalés par les fabricants d’implants ou les médecins.» Cela est bien toutefois, les journalistes ont «alors découvert, après une analyse statistique, que ce listing comporte de nombreuses erreurs, lacunes, et fausses dates» rapporte Franceinfo. Là, les choses se compliquent.

Il faut alors bien comprendre qu’en France, les implants comme les pacemakers, les prothèses et autres sont considérés comme des marchandises. Cela signifie que ces outils qui servent – tout de même – à sauver des vies, ne sont pas classés comme des produits de santé. Cela laisse alors tout le bénéfice aux industriels produisant et non aux patients. De plus, notez qu’il n’existe pas de dispositifs permettant de mesurer les risques qu’encourent les patients lors de la pose d’implants.

Implants Files : 36 pays pour une vraie base de données

Le projet Implants Files prend là tout son sens. Suite à la réunion de nombreux journalistes de maisons différentes et de 36 pays, une liste a été établie. Celle-ci donne maintenant accès aux patients, et futurs patients, à des informations aussi bien sur les chirurgiens que sur les dispositifs que ceux-ci leur proposent.

Vous pouvez voir ou revoir le reportage très intéressant réalisé par Elise Lucet pour Cash Investigation sur le sujet :

 

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