Si vous avez déjà randonné à haute altitude, vous savez déjà probablement qu’il peut être plus difficile de respirer, car plus on s’élève, plus le taux d’oxygène dans l’air devient bas. À partir de 2500 mètres ou moins selon les personnes, les effets de l’altitude sur la performance physique peuvent se faire ressentir.
Au camp de base du Mont Everest, à 5260 m d’altitude, l’atmosphère contient seulement 53% d’oxygène par rapport à celui du niveau de la mer. Le corps humain produit 2 millions de globules rouges par seconde, mais il faudrait des semaines pour que tous ces globules soient remplacés par de nouvelles. Mais alors, comment les alpinistes et les grimpeurs peuvent-ils s’acclimater en quelques heures ou quelques jours ? Le projet AltitudeOmics a répondu à cette question en montrant que nous pouvons nous acclimater en une nuit et que ces modifications biologiques restent intactes assez longtemps après votre retour de la montagne !
Les bienfaits pour la santé du sport en montagne
Une nouvelle étude publiée dans le Journal of Proteome Research prouve que le corps humain est capable de s’adapter à des climats de haute altitude. Robert Roach, directeur du Centre de Recherche en Altitude à l’Université du Colorado, et son équipe ont formé un groupe de 21 volontaires pour participer à leur projet, AltitudeOmics. Ce groupe de volontaires comprenait 12 hommes et 9 femmes âgés de 19 à 23 ans, à qui on a demandé de réaliser deux fois l’ascension du Mont Chacaltaya en Bolivie, haut de 5260 mètres, avec une semaine de repos entre les deux ascensions. Leur sang a été testé avant, pendant et après les ascensions.
Les analyses de sang ont révélé que les globules rouges n’étaient pas remplacés par des cellules “supérieures” comme il était d’usage de le penser, mais plutôt qu’elles changeaient physiquement quelques heures après l’exposition à une haute altitude le 1er jour. Les volontaires ont même reporté se sentir considérablement mieux pendant la seconde randonnée en montagne et ont affirmé qu’elle était plus agréable que la première. Étant donné que les globules rouges vivent approximativement 120 jours dans notre sang, soit 4 mois, ces modifications survivent aussi longtemps que les globules rouges. C’est la première fois qu’une étude prouve cette adaptation métabolique des globules rouges suivant l’hypoxie (manque d’oxygène) en haute altitude ».
Une découverte qui pourrait en amener à une autre en médecine
Les Tibétains vivent en pleine santé en Himalaya depuis des siècles, malgré les conditions de faibles taux d’oxygène dans l’air en altitude. Il y a quelques années, des chercheurs ont découvert que deux gènes variants aident les Tibétains à mieux utiliser l’oxygène que ceux résidant à de plus basses altitudes. Mais désormais, même si l’on ne naît pas avec ses variations génétiques avantageuses, notre corps a toujours la capacité de s’adapter pour fonctionner avec un faible taux d’oxygène. Bien évidemment, les alpinistes aguerris vont conseilleront de prévoir plusieurs jours pour vous acclimater si vous devez randonner à plus de 3000 mètres d’altitude.
Cette étude a gagné l’attention des scientifiques, particulièrement du monde de la médecine. Puisque la perte de sang et le manque d’oxygène sont des problèmes graves en cas de trauma, cette nouvelle découverte permettra sûrement d’inventer de meilleures pratiques, notamment pour améliorer la capacité du sang à apporter l’oxygène à l’organisme en cas d’urgence.
Source : Collective Evolution