Pour de nombreuses personnes, le contexte sanitaire anxiogène que nous avons traversé a été très éprouvant mentalement. Certaines ont ainsi pris la décision de consulter un psychologue pour mieux pouvoir y faire face. En réponse au nombre croissant de demandes de consultations liées à cet épisode épidémique douloureux, le gouvernement a en effet mis en place le dispositif MonPsy qui permet à tout Français dès l’âge de trois ans de bénéficier de huit consultations remboursées chez un psychologue partenaire. Que faut-il retenir de cette mesure ? Comment cela fonctionne-t-il ? Docteur Tamalou vous explique tout en détail.
Sommaire
Commençons par présenter le dispositif MonPsy
C’est à la suite des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie qui se sont terminées le 28 septembre 2021 que le président Emmanuel Macron a annoncé le remboursement prochain de séances chez un psychologue par la Sécurité sociale. En avril 2022, le dispositif a été officiellement lancé, non sans susciter une large vague d’inscriptions de praticiens sur la plateforme dédiée à la veille de son lancement (environ 1300 psychologues inscrits selon l’entourage d’Olivier Véran, alors ministre de la Santé).
Très concrètement, cette mesure vise tout Français qui souffre de troubles psychiques d’intensité légère à modérée. Cela représente environ 10 millions de patients, dont les enfants et adolescents de 3 à 17 ans qui « présentent une situation de mal-être ou de souffrance psychique d’intensité légère à modérée, pouvant susciter l’inquiétude de l’entourage (famille, milieu scolaire, médecin, etc.). »
Comment en bénéficier ?
Pour accéder à ce dispositif, il est nécessaire de respecter un parcours de soins précis. Cela passe tout d’abord par la prise de rendez-vous avec un médecin, notamment votre médecin traitant, qui vous orientera vers un psychologue partenaire. Vous bénéficierez alors d’un forfait de huit séances renouvelables plafonnées sans reste à charge. La première séance sera prise en charge à hauteur de 40 € et les suivantes 30 €, 60 % revenant à l’Assurance Maladie et le reste à la complémentaire santé/mutuelle. Si nécessaire, vous pouvez réaliser au préalable un devis pour une complémentaire santé afin de profiter d’un remboursement complet. Le psychologue remplira une feuille de soins avec les soins payés qui sera transmise à l’organisme d’assurance maladie avec le courrier d’adressage du médecin.
Sachez par ailleurs que vous pouvez sous certaines conditions bénéficier également d’une prise en charge de vos transports. Il faut toutefois que le médecin estime que votre recours au psychologue est en lien avec une ALD et que vous présentez une déficience ou incapacité justifiant la prescription d’un transport sanitaire.
Une mesure très controversée
L’annonce de cette mesure n’a pas manqué de faire réagir le public comme les professionnels de la profession. Si beaucoup de personnes se réjouissent de son lancement, certains se montrent plus sceptiques comme le prouve une tribune publiée dans Le Monde dans laquelle plus de 2000 psychologues expliquent pourquoi ils entendent boycotter ce dispositif. Le problème n’est pas tant ici le remboursement des séances, au contraire même. Comme l’explique la tribune en question : « beaucoup de psychologues sont favorables à un dispositif de remboursement des séances au nom d’une égalité d’accès aux soins psychiques. »
En réalité, de nombreux psychologues estiment tout d’abord que cette mesure ne résout en aucun cas le problème de sous-effectifs de psychologues dans le service public. Par ailleurs, ils dénoncent le fait de devoir passer par un intermédiaire médical (le médecin traitant n’ayant pas une formation lui permettant de repérer les troubles psychiques et leur gravité). Rappelons en outre que MonPsy ne prend en charge que les troubles légers à modérés, laissant de côté des millions de patients en grande souffrance psychologique (burn-out, troubles du comportement alimentaires, traumatismes, addictions, etc.) pour qui un suivi avec un psychologue pourrait pourtant être bénéfique. Enfin, la limite arbitraire de seulement huit séances et de surcroît très courtes est jugée insuffisante pour de nombreux spécialistes. Les psychologues réfractaires appellent donc à revoir les conditions de remboursement pour offrir un suivi de qualité à leurs patients.