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Règles : Pourquoi le sang est-il bleu dans les pubs?

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Crédits :Koldunova_Anna/ istock

En 2018, la marque de protections hygiéniques intimes Nana diffusait sur les réseaux sociaux une publicité intitulée « Les règles, c’est normal ». Pour la première fois, une publicité utilisait un liquide rouge au lieu d’un liquide bleu. La vidéo a lancé un débat toujours d’actualité sur la représentation des règles à la télévision et dans la société de manière générale. Pourquoi les entreprises refusent de montrer le sang des règles à la télévision ? Est-ce que cette vision peut changer ? 

La pub Nana : les règles c’est normal

Dans cette publicité, nous pouvons voir une femme demander à une autre de lui dépanner une serviette hygiénique au cours d’un dîner entre amis. Un peu avant, un homme part acheter des serviettes dans une supérette. Plus loin enfin, du sang coule le long des cuisses d’une femme prenant sa douche.

Inhabituelle, la publicité avait pour but de « briser les tabous ». « Les règles c’est quelque chose de normal, les montrer devrait l’être aussi » invoque l’entreprise. Effectivement, jusqu’à présent les publicités représentaient toujours le sang en bleu. Comme s’il était complètement aseptisé et aussi propre que de l’eau de javel. Les femmes également sont toujours rayonnantes, comme si avoir ses règles était forcément agréable. Une déformation complète de la réalité selon certaines personnes.

Les règles, un sujet encore tabou

Dans un livre intitulé « Anatomie de l’oppression » publié en 2017, la militante ukrainienne des femen, Elissa Stein, racontait la première fois que ses règles sont apparues. À la vue de tout ce sang rouge, elle a pris peur. Elle s’attendait à ce que le liquide soit bleu, comme celui des publicités. Le fait de représenter les règles de cette couleur à la télévision suggère implicitement que les règles sont quelque chose dont l’on devrait avoir honte. Quelque chose qu’il faudrait cacher. Ce sentiment de honte se répercute sur les jeunes filles.

Ainsi, au Royaume-Uni, une étude menée auprès de jeunes femmes révélait que 46 % d’entre elles avaient déjà refusé de se rendre en cours de sport lorsqu’elles avaient leurs règles. Parmi elles, 39 % avouaient que leur hantise était de voir apparaître une tache rouge sur leur tenue.

Des cas de censures recensés

Nana n’a pas eu l’occasion de montrer cette publicité à la télévision. En effet, l’entreprise a conclu avec l’ARPP (l’Autorité de Régulation professionnelle de la Publicité) que la publicité devait se cantonner au format digital.

D’autres cas plus sérieux de censure existent. En 2015, Instagram avait retiré la photo d’une jeune femme sous prétexte qu’on voyait une tache de sang menstruel sur ses vêtements. Cette dernière n’a pas manqué d’objecter que les milliers de corps dénudés ne semblaient pas gêner la plate-forme outre mesure. Mais une simple tâche, si. Elle a obtenu des excuses quelques jours plus tard. En 2010, une pub américaine s’est vue censurée, car le mot « vagin » avait été prononcé.

Deux ans plus tard, en 2020, les choses n’ont pas l’air d’avoir beaucoup avancé à ce sujet. Les publicités de serviettes intimes arborent toujours un sang bleu schtroumpf…