in

Comment développer l’intelligence émotionnelle des enfants ?

emmener ses enfants chez le psychologue pourquoi quand
© KatarzynaBialasiewicz / iStock

Savez-vous ce qu’est l’intelligence émotionnelle ? Ce concept des années 90 est aujourd’hui largement utilisé, surtout dans le milieu du développement personnel. Il renvoie à la capacité que nous avons de percevoir les émotions, puis à les intégrer à la pensée. Le psychanalyste Philippe Grimbert, rapporte à Psychologies que « si tout le monde ressent des émotions, tout le monde n’a pas développé son intelligence émotionnelle. Elle est du domaine de l’acquis. D’où le rôle fondamental des parents ». Les émotions sont de petites choses qui demandent à être choyées afin de se développer et d’aider au mieux la personne. Voilà 5 moyens de développer l’intelligence émotionnelle chez un enfant.

Quand l’enfant ressent, laissons-le ressentir 

Des émotions traversent notre corps en continu. Adultes, nous arrivons à les canaliser, ou les mettre en mode vibreur, même si cela n’est pas sans risque. Cela dit, les enfants ne peuvent pas taire leurs ressentis ou mentir sur ce qu’ils traversent, et tant mieux ! C’est là que nous rentrons en scène, nous les grandes personnes. Nous allons accueillir ces émotions qui souvent les tiraillent.

C’est une chose plus facile à dire qu’à faire, car en réalité nous, les grandes personnes, avons tendance à apprendre aux enfants le contrôle. Nous construisons un mur dans leur petite tête. Alors voilà, quelques phrases sont à bannir et à remplacer :

  • «Ce n’est rien» devient «Je comprends»
  • «N’aie pas peur» devient«De quoi as-tu peur ? Explique-moi »
  • «Tu pleures ?À ton âge ?» devient«C’est toujours bon de pleurer, mais explique-moi pourquoi tu te mets dans des états pareils…»

Le but ici est de faire comprendre à l’enfant que ce qu’il ressent n’est pas mauvais, qu’il faut qu’il sache pourquoi il ressent cela et qu’il en parle.

enfant caprice crise de colère
© jegesvarga / iStock

Comprenons vraiment l’enfant

C’est une chose difficile que de comprendre un enfant, car nous nous sommes éloignés du jeune nous, souvent pour ne plus souffrir autant. En effet, il est faux de croire que la vie d’un enfant est rose, belle et joyeuse. Nous devrions plutôt la voir comme un parcours du combattant pendant lequel notre corps est mis à rude épreuve. 

Comprenez bien que les émotions et ressentis des enfants sont traduits dans leur corps. Ils sentent physiquement leurs émotions. C’est pourquoi, lors d’un chagrin ou d’une peine, ils se sentent mourir. Ces mots sont forts, mais pourtant proches de la réalité infantile.

Alors, bien que pour nous la situation n’ait rien de raisonnable, essayons de nous mettre à la place de ce petit en pleurs. Il se sent partir, mourir, perdu. Il est donc essentiel de comprendre son ressenti pour qu’il l’accepte et qu’il se console. Il apprendra la raison en grandissant, lorsqu’il aura considéré ses émotions sont naturelles. 

Il n’est pas utile de faire grandir un enfant trop vite ou trop violemment. Soyons juste là pour lui, et comprenons pourquoi il ressent ce qu’il ressent. Mais pour ça, nous vous l’assurons, il va falloir retrouver votre jeune vous ! 

Donnons des noms et du sens

Comme l’explique Philippe Grimbert «l’enfant n’a pas les mots pour expliquer ce qui le traverse, bien souvent, il n’a pas même l’explication de ce qui le bouleverse». Ce sera donc à nous, adulte, de nommer les choses. De faire comprendre au jeune enfant que ce qu’il vit a du sens et surtout que cela à un nom. « Hé bien, oui, je vois que tu es en colère.»

Nommer les choses permet de les rendre réelles et surtout sensées. L’enfant peut ensuite renommer son émotion – notamment – pour la réutiliser. Plus important encore, n’hésitez pas à lui expliquer, même très jeune (même avant qu’il ne sache parler) ce que les autres adultes, enfant et vous-même pouvez ressentir. 

Par ce processus-là, vous permettez à l’enfant de comprendre de mieux en mieux que nous avons tous nos vécus, et qu’ils sont acceptables. Vous développez sa maîtrise des émotions et ainsi son intelligence émotionnelle. 

via GIPHY

Après avoir nommé, il faut expliquer

Nommer permet de mettre du sens sur une expérience. Cela la rend normale, utile et bonne. Mais faut-il encore savoir à quoi elle correspond. C’est pour cela qu’après avoir donné un nom au ressenti de l’enfant, prenez un temps pour lui expliquer que : 

  • La colère est une émotion normale qui se présente lorsque nous ne trouvons pas que les choses soient justes, lorsque nous nous sentons agressés.
  • Être déçus, c’est normal, cela veut dire que nos désirs n’ont pas été conformes à la réalité. Cela se produira souvent dans la vie, mais ce n’est pas grave. Il faut toujours désirer les choses.
  • L’ennui est une sensation de vide, mais elle nous apprend à nous occuper seuls tout en faisant fonctionner notre imaginaire.
  • La honte nous apprend les choses à faire et à ne pas faire.
  • La tristesse est un sentiment normal et beau, il montre que nous étions attachés aux choses. Lorsque la tristesse monte, il ne faut pas hésiter à s’en servir en dessinant, chantant, jouant.
  • L’impatience montre que nous sommes heureux et que nous profitons des choses. Cela dit, le plaisir réside aussi dans son attente.
  • La peur protège contre les choses qui nous effraient. Tout le monde à peur.
  • La jalousie est un sentiment normal qui montre que nous avons besoin d’attention et d’amour. Elle nous pousse aussi à nous dépasser pour obtenir ce que nous voulons.

Nommez, puis expliquez à votre enfant. Comme cela, il se construira une sorte de dictionnaire mental ou de « grammaire émotionnelle » comme le dit Philippe Grimbert.

deuxième enfant famille Docteur Tamalou Pixabay
© Sathyatripodi / Pixabay

Donnons-lui le temps de parler

L’enfant s’exprime ? Alors, laissez-le faire. Après lui avoir donné toutes les clés citées plus haut, vous permettez à votre enfant de parler de ce qu’il ressent. Il faut alors le laisser faire, lui permettre de s’exprimer comme il le veut, comme il l’entend, comme il le comprend. Donnez-lui un espace de parole, à table en famille, après l’école. Faites-le parler de ce qu’il a ressenti à tel ou tel moment et surtout dites-lui comment, vous, à son âge, vous réagissiez. 
S’il n’arrive pas à mettre des mots, essayez de le faire pour lui, ou demandez de l’aide à un thérapeute.

Articles liés :

Prouvé : les émotions et leurs rôles sur la santé

5 blessures émotionnelles de l’enfance : quel rôle jouent-elles ?

Comment transformer les émotions négatives en actions positives