Une étude publiée le 12 mai dernier dans la revue Proceedings of the Royal Society B émet l’hypothèse d’un lien entre le jeûne et des effets néfastes sur la fertilité de la descendance des personnes pratiquant ce régime santé, et ce jusqu’à trois générations. Un point s’impose donc sur cette pratique jusqu’alors plébiscitée et sur cette étude pionnière.
Le jeûne comme allié santé ?
Encadré par des professionnels de santé, le jeûne a de véritables vertus. Nous nous étions déjà posé la question à la rédaction et nous avions montré les avantages d’un tel régime : véritable cure de désintoxication du corps, le jeune permet de “diminuer les ballonnements, les gaz et met le tube digestif au repos après des excès alimentaires et une mauvaise hygiène diététique” et a de véritables vertus anti cancer. Ainsi, “on sait déjà que l’excès de nourriture favorise les rechutes du cancer du sein, du poumon et du côlon. À l’inverse, on constate que la privation de nourriture augmente, au bout de 48 heures, la sécrétion d’endorphines, ce qui permet de prendre une certaine distance par rapport à la souffrance“.
De plus, selon un rapport de l’INSERM de 2014, le jeûne, réalisé le plus souvent à titre préventif ou pour permettre à l’organisme de s’autoguérir, peut également être pratiqué pour soulager les symptômes liés à certaines pathologies : maladies cardio-vasculaires, du dos et des articulations, maladies du tube digestif, pathologies diverses dont les états dépressifs, la fatigue chronique, les infections à répétition, les migraines et maux de tête, les allergies dont l’asthme, le rhume des foins, l’urticaire, l’eczéma, la diminution de la fertilité, les troubles de la ménopause, le syndrome prémenstruel, la fibromyalgie, les glaucomes et l’acné. Qu’il soit total ou partiel, continu ou intermittent, précédé d’une phase préparatoire ou suivi d’une phase progressive de reprise de l’alimentation, le jeûne semble être une bonne solution pour ceux qui souhaitent prendre soin de leur santé, la retrouver ou trouver un équilibre face à une grave maladie.
Un impact sur la fertilité des descendants
Les chercheurs britanniques dont l’étude a été publiée le 12 mai dernier se sont intéressés à plus de 2 500 vers ronds sur quatre générations. Cette espèce a été privilégiée, car elle partage avec les êtres humains de nombreux gènes et voies moléculaires qui contrôlent le développement. Ces travaux se sont focalisés sur le risque de mortalité, la reproduction en fonction de l’âge et la forme physique sur trois générations de descendants. Des cohortes différentes ont été étudiées. Certaines ont jeûné, d’autres ont mangé de manière illimitée. L’analyse porte aussi sur le facteur générationnel : que se passe-t-il lorsque les arrière-grands-parents jeûnent, mais que les générations d’après ont de la nourriture à profusion ou lors d’un jeûne cumulatif pendant quatre générations ?
Résultats : les chercheurs ont été surpris de constater que “le jeûne réduisait les performances de reproduction de la progéniture lorsque celle-ci avait accès à une nourriture illimitée“. A contrario, la durée de vie de la première génération s’est allongée grâce au jeûne et les performances de reproduction ont été accrues pour les descendants qui ont suivi le même régime que leurs parents. En soi donc, un retour à la nourriture à profusion serait un facteur de réduction de la fertilité pour les descendants des pratiquants du jeûne, et ce, sur trois générations.
Porter des conclusions sur les effets à long terme du jeûne chez l’être humain n’est toutefois pas si simple, car l’étude s’est uniquement penchée sur le cas des vers ronds. Elle ouvre néanmoins la voie pour la compréhension des conséquences à plus long terme de cette pratique et incite à s’intéresser de près aux effets du jeûne sur la descendance.