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Médias sociaux et image du corps : bien se voir n’est pas facile

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© LoboStudioHamburg / Pixabay

Deux chercheuses en psychologie de l’université de York au Canada, Jennifer S. Mills et Jacqueline V. Hogue, ont publié leur étude dans le magazine Body Image au début du mois. Leur sujet de recherche porte sur l’image du corps qu’ont les femmes, face aux réseaux sociaux. En effet il est intéressant de comprendre pourquoi et comment fonctionne cette nouvelle ère du “tout divulgué”. Décryptons ensemble les résultats de cette étude. 

Facebook et Instagram : les commentaires qui marquent

Pour pouvoir mener à bien leur étude, les deux chercheuses ont réparti en deux groupes différents 118 femmes entre 18 et 27 ans. Avant et après la phase expérimentale, les jeunes femmes ont dû noter leur degré d’insatisfaction corporelle.

Le premier groupe

Les jeunes femmes du premier groupe se sont connectées à Facebook et Instagram pendant 5 minutes. Les chercheuses leur ont demandé de trouver des femmes qu’elles considéraient comme plus attrayantes qu’elles-mêmes. Suite à cela, elles étaient invitées à laisser un commentaire à cette personne.

Le second groupe

Les femmes de ce groupe (appelé groupe contrôle) ont également passé 5 minutes sur les deux médias sociaux. Mais ici, les choses changent un peu. En effet, les femmes du groupe contrôle devaient commenter une photo d’un membre de sa famille qu’elles ne trouvent pas “plus attrayante” qu’elles-mêmes.

Les résultats

Par cette double évaluation de l’insatisfaction corporelle, les chercheuses ont donc pu mesurer de quelle manière le commentaire sur une personne plus attrayante – ou pas – avait impacté l’image que les jeunes femmes avaient d’elles-mêmes. En effet, J. Hoge et J. Mills ont émis l’hypothèse que les femmes qui ont commenté la photo d’une femme plus attrayante auront – après le commentaire – une insatisfaction corporelle plus grande qu’au début. Cependant, les femmes qui seront allées commenter la photo d’une femme de leur famille – moins attrayante qu’elle – ne verront pas leur image corporelle modifiée.

Les résultats sont nets expliquent les deux chercheuses :

Les résultats ont montré que les jeunes femmes qui se sont engagées activement avec des femmes perçues comme attractives en se basant sur l’apparence entraînaient une détérioration de l’image […], alors que l’interaction avec celle de la famille n’avait aucun effet sur l’image corporelle.

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© Pixabay

Pourquoi un simple commentaire est-il si important ?

Plusieurs mécanismes rentrent en jeux lorsque les jeunes femmes passent l’expérience. Pour choisir un pair plus attrayant que soi, il faut déjà se donner une “note” à soi. Dans la vie de tous les jours, cette note se traduit par :

  • “Cette femme est moins belle que moi” autrement dit, ma note est plus haute que la sienne ;
  • “Cette femme est plus belle que moi” autrement dit, ma note est inférieure – ou très inférieur – à la sienne.

La note, nous nous la donnons de manière inconsciente, mais pour l’utiliser, il faut rentrer dans un second processus : la comparaison. Il faut de la comparaison pour pouvoir se noter soi-même face aux standards de la norme ou à une personne en particulier. Cette comparaison est dite “ascendante” lorsqu’elle est faite à une personne que l’on estime supérieure à soi. Or pour les femmes cette comparaison ascendante est majoritaire sur les réseaux sociaux. Cela signifie que les photos postées sur les réseaux conduisent les femmes – pour une grande – à se percevoir négativement.

Où sont les hommes ?

Les hommes ne sont pas étudiés dans cette recherche. En effet «les femmes sont plus susceptibles que les hommes d’utiliser les médias sociaux pour visualiser les photos des autres» confient les chercheuses. D’après N. Haferkamp, ​​les hommes se servent des médias sociaux pour trouver des amis. Ils ne semblent pas être trop touchés par la tendance à la comparaison ascendante. Toutefois, il serait intéressant de faire de nouvelles recherches sur ce point. 

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© Pexels / Pixabay

Ce qu’il faut comprendre de tout cela

Avant de conclure, il faut rappeler un fait important. Les résultats sont issus d’études statistiques. Cela signifie que les résultats sont vrais pour une grande partie de la population, mais PAS POUR TOUT LE MONDE. De plus, les chercheuses admettent elles-mêmes que leur étude ne doit pas être surestimée. En effet, elles estiment que trop peu de femmes ont participé à leur étude pour pouvoir généraliser.

Pour conclure, nous pouvons nous questionner – encore – sur l’impact des médias sociaux sur le regard que les femmes portent sur leur propre corps. Les modèles de comparaisons sont souvent de femmes surmédiatisées, actrices, stars, mannequins pour qui l’apparence est cruciale. En plus de cela, les femmes ont tendance à présenter aux réseaux sociaux des images d’elles idéalisées. Ainsi, les personnes qui s’identifient à ces photos se comparent à des images déjà idéalisées. C’est par les mécanismes cités plus haut, qu’une femme en vient à se dévaloriser et rompre l’amour qu’elle devrait avoir sur son corps. À méditer…

Sur ce, prenez soin de vous !

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