Un homme est fort, viril, il ne pleure pas et n’a pas mal. Une femme est fragile, délicate, douillette, elle a mal pour un rien. C’est impressionnant le nombre d’erreurs de jugement parfois qui peuvent exister. Sachez qu’une équipe canadienne a découvert que les hommes étaient plus sensibles à la douleur que les femmes. Leurs résultats sont parus dans Current Biology.
Sommaire
Comprendre les douleurs chroniques
Une équipe canadienne du centre de recherche sur la douleur de l’Université McGill a mis au point un nouveau paradigme — une procédure expérimentale — pour pouvoir étudier les douleurs chroniques.
La haute autorité de santé rappelle que l’IASP (International assiciation for the study of pain) définit une douleur chronique comme « une douleur qui persiste au-delà du délai habituel de cicatrisation (habituellement 3 mois). De plus, alors qu’une douleur aiguë est généralement la réponse appropriée à sa cause (par exemple, la cicatrisation après une blessure), la douleur chronique n’a pas ce caractère. » Ces douleurs sont aussi à l’origine d’une modification notable du comportement et du plaisir à vivre.
Afin de comprendre les mécanismes sous-jacents aux douleurs chroniques, les chercheurs ont avancé l’hypothèse qu’elles pourraient être dues aux souvenirs du patient. Autrement dit, la mémoire et le contexte dans lequel survient la douleur conduiraient à une hypersensibilité chez l’humain et chez le rongeur.
Des résultats qui démentent les stéréotypes
Au cours de leur expérimentation, les chercheurs ont étudié la sensibilité à la douleur pour les deux sexes. Les résultats sont étonnants et vont à l’encontre des stéréotypes habituels.
Dans un premier temps, les hommes et les femmes ont été soumis à un stimulus nociceptif thermique (une source de chaleur qui cause une légère douleur). La sensibilité à la douleur était alors similaire pour les deux sexes.
C’est à la seconde étape que les choses se gâtent. Les sujets connaissaient la sensation qu’ils allaient ressentir, il savait quelle douleur allait leur être infligée. Les chercheurs ont alors remarqué que les hommes présentaient une plus haute sensibilité que les femmes lors de cette deuxième étape. Les hommes notent une douleur supérieure de quasiment 20 points par rapport à la première étape, tandis que les femmes n’y voient presque pas de changements.
Une nouvelle façon de comprendre les douleurs ?
La douleur n’est pas que physique
La sensibilité à la douleur est donc expliquée différemment par ce genre de paradigme. On comprend ici qu’une sensation douloureuse est effectivement le fruit de différents facteurs, et n’est pas uniquement déterminée par un fait biologique.
La mémoire d’une scène douloureuse, autrement dit le souvenir d’un type de douleur et de la situation, augmente la sensibilité à celle-ci. Mais ceci ne semble être vrai que pour les hommes.
L’impact de la mémoire sur la douleur
La mémoire de la douleur a également un effet sur les femmes, mais celui-ci reste à investiguer. Dans leur étude, les chercheurs ont remarqué que si les hommes appréhendent la douleur, les femmes, elles, semblent la ressentir comme moins intense. Elles ne seraient pas aussi sujettes au stress d’anticipation qui exacerbe la douleur chez leurs homologues masculins.
Une hormone en jeu
Ce serait le stress d’anticipation, la peur de ce qui va arriver, qui serait en cause ici. En effet, d’après les auteurs de l’étude, ce stress est lié à la testostérone, présente en grande quantité. Sans cette hormone, l’anticipation ne produit pas une hypersensibilité à la douleur.
La morale de cette étude
Le but premier de cette étude n’était pas de démontrer l’idiotie d’un stéréotype de genre. Les chercheurs voulaient comprendre le fonctionnement d’un mécanisme physiologique comme la douleur chronique. Cela dit, laissez tomber vos idées reçues, les hommes sont plus douillets que les femmes, et c’est prouvé !