La boulimie est un trouble alimentaire au même titre que l’anorexie mentale. Elle se caractérise par la survenue de crises de suralimentation durant lesquelles la personne ingurgite d’énormes quantités de nourriture sans pouvoir s’arrêter. Parce qu’elle a honte de ce comportement considéré comme addictif, elle élimine les calories ingurgitées en ayant recours aux vomissements, aux laxatifs ou à la pratique excessive de sport.
Contrairement aux personnes anorexiques – qui font preuve d’un sous-poids souvent très inquiétant -, la personne boulimique présente un poids habituellement normal.
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Qui est concerné ?
La boulimie est connue depuis l’antiquité. Lors d’orgies grecques et romaines, les convives profitaient de toutes sortes d’excès – alimentaires, en particulier -. Certains allant jusqu’à se rendre malade et se faire vomir.
Mais cette maladie a été précisément décrite dans les années 1970. Selon les études, entre 1 % et 5,4 % de jeunes filles de 13 à 30 ans seraient les principales concernées. Cette prévalence en fait une maladie encore plus répandue que l’anorexie mentale, d’autant plus que le nombre de personnes atteintes continue à augmenter. Enfin, elle toucherait 1 homme pour 19 femmes.
La boulimie débuterait 5 fois sur 10 au cours d’un régime amaigrissant. Pour 3 personnes sur 10, la boulimie a été précédée par une anorexie mentale. Enfin, 2 fois sur 10, c’est une dépression qui a inauguré la survenue de la boulimie.
Enfin, certaines professions (athlète, acteur, mannequin, danseur) pour lesquelles il est important d’avoir une certaine maîtrise de son poids et de son image corporelle, seraient davantage touchées par ce trouble alimentaire.
Quelles sont les causes de la boulimie ?
Les chercheurs s’accordent à dire que de nombreux facteurs seraient à l’origine de la boulimie notamment des facteurs génétiques, neuroendocriniens, psychologiques, familiaux et sociaux.
- Facteurs génétiques : Si un membre de la famille se révèle boulimique, il existe plus de chance qu’une autre personne soit atteinte. D’autres recherches menées sur des “vraies” jumelles montrent que si l’une des deux jumelles est touchée par la boulimie, l’autre jumelle a 23% de chance qu’elle le soit également. Cette probabilité passe à 9% s’il s’agit de jumelles différentes.
- Facteurs neurologiques : Les personnes boulimiques présentent un trouble de la sensation de satiété.
- Facteurs psychologiques : De nombreuses études ont démontré le lien entre l’apparition de la boulimie et la faible estime de soi, qui est en majeur partie, basée sur l’image corporelle. Les personnes touchées par la boulimie rejettent le corps comme objet sexuel, et souhaiteraient inconsciemment rester petites filles. Par ailleurs, les jeunes filles et jeunes gens touchés possèdent des traits de caractère commun : le conformisme, le manque d’initiative, le manque de spontanéité…
- Facteurs cognitifs : les recherches liées à ce trouble font apparaître que les malades ont de nombreuses pensées négatives notamment à propos de la minceur qui serait un gage de bonheur, ou que toute prise de graisse est mauvaise.
- Facteurs socio-culturels : Les adolescentes touchées résident principalement dans les pays industrialisés. En cause, l’image de la femme parfaite qui travaille, fait du sport, élève ses enfants, contrôle son poids est fortement relayée dans les médias.
Quels sont les principaux troubles psychologiques associés à la boulimie ?
- La dépression : 50 % des personnes boulimiques développeraient un épisode dépressif ;
- Les troubles anxieux qui seraient présents chez 34 % des malades ;
- Les conduites à risques, et les conduites sous stupéfiants toucheraient 41 % des personnes atteintes ;
- Une faible estime de soi : elles se révèlent beaucoup plus sensibles à la critique ;
- Un trouble de la personnalité, qui concernerait 30 % d’entre elles.
Quelle prise en charge ?
Le traitement de la boulimie passe par un travail axé sur trois approches :
- L’approche nutritionnelle : il s’agit pour les malades de retrouver et maintenir un poids normal, avoir des apports énergétiques normaux, renouer avec les aliments tabous… ;
- L’approche comportementale : les boulimiques doivent réapprendre à se nourrir de façon apaisée, sans peur ni obsession, apprendre à exprimer ses émotions autrement qu’à travers la nourriture ;
- L’approche psychologique : les personnes sont invitées à identifier les causes profondes de leurs troubles alimentaires, faire un travail sur l’estime de soi, sur le regard d’autrui, leurs culpabilités…
Cette prise en charge ne peut se faire qu’avec l’aide de praticiens spécialistes des troubles du comportement alimentaire (nutritionnistes, diététiciens, psychiatres, psychologues…).
Précisons que le choix des approches est vaste : thérapies psychanalytiques, psychocorporelles, comportementales et cognitives voire l’hypnose médicale.
Afin de compléter cette thérapie, des groupes d’entraide et de parole se sont créés ces dernières décennies. Ils permettent l’échange entre malades, et, pour celles et ceux qui en ont guéri, fait part de leur témoignage.
Comment prévenir ce trouble ?
Vous pouvez vous tourner en premier lieu vers votre médecin généraliste pour lui faire part de vos inquiétudes quant au comportement étrange de votre adolescent vis-à-vis de la nourriture. Ainsi averti, le professionnel lui posera des questions sur ses habitudes alimentaires, et son rapport au corps.
Pour anticiper ces comportements à risques, évitez toute plaisanterie sur le physique de votre jeune, et ce, à tout âge de sa croissance. Il pourrait à tout moment basculer dans la maladie.
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