Le magazine spécialité The Lancet Diabetes and Endocrynology, a révélé un cas d’hypothyroïdie dans une toile de 1526 de Lorenzo Lotto. On vous explique.
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Lorenzo Lotto : le peintre qui voyait tout
Lorenzo Lotto (1480-1556) est un peintre vénitien de la renaissance. Sa notoriété repose sur sa capacité à peindre les moindres variations de peau, de teintes, de postures que ses modèles avaient. S’ajoute à cela son sens aigu du détail et de la finesse d’exécution. L’on dit de Lotto qu’il pouvait saisir la psychologie du modèle, pour ensuite la laisser transparaître sur la toile.
C’est grâce à ses dons que des chercheurs ont pu découvrir dans le portait de Marcantonio Luciani, le trésorier du monastère San Giovanni e Paolo de Venise une maladie non diagnostiquée.
Une hypothyroïdie visible sur toile
Lotto peint le portrait du frère Luciani en 1526, sur lequel l’on peut trouver une mine d’informations sur la santé du moine. The Lancet rappelle que le diagnostic médical à partir d’une image n’est pas une chose facile. Toutefois, il existe aujourd’hui un consensus autour de cette pratique. Si l’art permet d’améliorer les performances des futurs médecins, pourquoi s’en priver ? Ainsi plusieurs éléments caractéristiques d’une hyperthyroïdie peuvent être repérés sur le tableau de Lorenzo Lotto.
L’alopécie
Comme le rappel Maya Vincent et Krishan Yogiraj dans leur article, les dérèglements et problèmes endocriniens (comme l’hypothyroïdie) provoquent une perte de cheveux, ou alopécie. Grâce au portrait, nous pouvons noter cette alopécie chez le moine. Le haut du crâne est totalement chauve et quelques cheveux habillent les tempes.
Une peau pâle et des veines apparentes
Le tableau dépeint un moine ayant une fonction importante au sein de monastère dominicain. Un homme qui ne semble toutefois pas être en pleine santé. Nous remarquons aisément son teint très pâle, ses veines frontales apparentes qui ressortent de son crâne.
Regard, cernes et fatigue
Si l’on s’attarde sur le regard du modèle, nous pouvons remarquer ce que les auteurs de l’article nomment le signe de Hertoghe. Du nom du pionnier de la recherche sur la thyroïde Eugene Hertoghe (1860-1928), ce symptôme est présent chez 40% des patients non traités. En effet si l’on observe le sourcil droit du moine, nous pouvons remarquer une perte d’un tiers des poils.
De plus, le moine semble fatigué. Des poches apparaissent sous les yeux et marquent les cernes. La faiblesse et la somnolence sont des symptômes présents chez 91 % des patients atteints d’une hypothyroïdie. En plus de cela, des maux de tête sont souvent remarqués chez ce type de patients. L’on s’imagine alors qu’au seizième siècle, un patient atteint d’une telle pathologie pouvait être fatigué par ces symptômes.
Un goitre sous la soutane ?
Le goitre est consécutif à une atteinte de la glande thyroïdienne non traitée. Celle-ci gonfle alors énormément. À cause de sa cape foncée, il est difficile de déterminer si le goitre est bien présent. Toutefois, au vu des autres signes de l’hypothyroïdie, nous pouvons supposer la présence de cette excroissance thyroïdienne.
L’intolérance au froid
Enfin, comme 89 % des patients atteints d’hypothyroïdie, le moine semble souffrir d’une intolérance au froid. En effet, d’après les auteurs de l’étude, la tenue de Luciani Marcantonio est beaucoup trop chaude. Soutane, manteau et fourrure intérieure pourraient protéger contre un froid intense. Or l’hiver vénitien n’est pas connu pour sa rudesse. C’est pourquoi l’on peu estimer sa fragilité face au froid.