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38 % des malades d’Alzheimer ne vont plus voir leurs médecins

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© sabinevanerp / Pixabay

Saviez-vous que, depuis quelques mois, certains médicaments « anti-alzheimer » ne sont plus remboursés par la sécurité sociale ? Cette décision ministérielle valant ce qu’elle vaut a provoqué un ras de marré d’indignations, surtout lorsque l’on sait qu’une telle décision touche 850 000 personnes malades. Mais ce n’est pas tout, l’association France Alzheimer affirme que 38% des patients ont, depuis lors, cessé de prendre des traitements ou même de consulter leurs spécialistes.

AEbixa, Aricept, Exelon, et Reminyl

Ces noms ne vous vous disent peut-être rien, mais pourtant ce sont les médicaments qui auparavant étaient remboursés à 15% par l’Assurance maladie. Mais depuis le 1er août 2018, leurs remboursements ne sont plus effectifs. Sachez que les génériques de ces traitements ont été déremboursés également.

Pourquoi ?

Agnès Buzyn ministre de la Santé a déclaré sur Europe1 que « ces médicaments ont été évalués deux fois par la Haute autorité de santé. Par deux fois, des experts ont estimé que ces médicaments étaient plus nocifs que bénéfiques pour les patients, et qu’il fallait ne plus les rembourser ».

Des médicaments donc redevenus payants, puisque « plus nocifs que bénéfiques », mais les choses ne s’arrêtent pas là. Car si ces fameux médicaments n’ont pas été retirés du marché, alors que pourtant « nocifs », ils ont en plus été soumis à une hausse de TVA « ce qui a entraîné un reste à charge élevé pour les patients et des inégalités d’accès aux traitements » explique Benoît Durand, directeur délégué de l’association France Alzheimer au Quotidien du Médecin.

Des patients qui arrêtent tout

Avec cette augmentation des prix, certains patients ont pris la décision radicale d’arrêter leurs traitements. Ceux-là ne permettent pas de guérir la maladie, mais plutôt de calmer certains symptômes, de les réduire. De cette façon, les patients et leurs familles peuvent espérer passer plus de temps ensemble, tout en réduisant l’impact du trouble.

Afin d’observer ce phénomène d’interruption thérapeutique, l’association France Alzheimer à procéder à un sondage auprès de 2 463 aidants et 84 malades. D’après ce sondage, 20 % des patients ont stoppé leurs traitements, et ce chiffre devrait augmenter. Sur ces patients, 52% ont constaté une aggravation du trouble. 10 % des malades atteints d’Alzheimer envisagent de l’arrêter.

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© Rawpixel / Pixabay

Enfin, Benoît Durand exprime son inquiétude quant au fait que les patients arrêtent de consulter des médecins spécialistes. Ces patients sont déjà 38% à rester isolés du corps médical. Une «rupture du lien thérapeutique» qui est à mettre en parallèle à la triple peine qu’explique Olivier de la Doucette, professeur psychiatre et gériatre à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris) chez France Info.
« On soumet une triple peine aux malades d’Alzheimer, qui est non seulement d’avoir une maladie terrible, mais en plus, on leur dit que le traitement qu’on leur propose est dangereux et inefficace, et pour ceux qui voudraient quand même persister, ils vont devoir payer la note de leur traitement » analyse le psychiatre.

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