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Les sorcières dans le monde moderne : entre médecine et féminisme

©️ Allinocj / Pixabay

Sorcière, lorsque j’écris ce mot, vous avez très certainement en tête l’image de la vieille dame, dans sa cabane, perdue dans un bois. Une femme âgée, rongée par les rides, le nez crochu avec une verrue dessus. Mais la sorcière n’est pas aussi caricaturale que cela. LSD, La Série Documentaire par Perrine Kervran sur France Culture parut en avril retrace l’histoire de ces femmes de leur début à leur fin, pour finalement découvrir le nouvel aspect de ce mouvement. Voyons ensemble aujourd’hui, comment ces sorcières ont fait leur place entre médecine et féminisme.

La sorcière

Celle d’hier

Une sorcière est avant tout une femme savante, et ce, depuis le début de l’existence de ce terme. Longtemps vues de manière négative et caricaturée, ces femmes souvent âgées, et indépendantes ont inspiré la peur et la crainte des hommes de leur époque. Leur lien profond avec la nature en fait souvent des gardiennes des forêts et de landes dans les mythes et légendes.

Celle d’aujourd’hui

Il est toutefois intéressant de noter qu’aujourd’hui, les mythes des anciens temps, reléguant la femme savante à une pécheresse difforme habitée par le diable, à laisser place dans l’imaginaire collectif à de jeunes femmes, libres, belles et rebelles. Voilà ce qu’est la sorcière aujourd’hui. “Charmed”, “Sabrina l’apprenti sorcière” Harry Potter” tant de films, livres, séries, et autres manifestations redorant le statut de ces gardiens et gardiennes du savoir ancien.

Qu’est-ce que son pouvoir ?

Pour Dion Fortune, occultiste britannique décédée en 1946, la magie est un art qui permet de modifier quand nous le souhaitons un état de conscience. Autrement dit, et sans tour de baguette magique, la magie est une manière de travailler sa façon de penser, sa psychologie, son psychisme. Pour caricaturer, nous pourrions parler aujourd’hui de développement personnel plus poussé qu’à l’accoutumée.

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Spiritualité et philosophie

Être sorcière, c’est vouer une forme de culte à la nature, ainsi qu’à ce qu’elle procure. La protéger, la vénérer et agir pour elle. Dans l’origine anglo-saxonne du terme “Witches”, les sorcières ont une grande importance sur le destin d’autrui. En effet, elles ont cette capacité à “faire plier” les évènements selon leur “gré”.
Une sorcière va être l’intermédiaire entre l’ombre et la lumière, entre les différents mondes. Cette médiation est possible puisque ces femmes (et hommes) voient les choses du monde différemment. Un regard et un impact différent sur ce qui nous entoure. C’est pourquoi aujourd’hui, le but premier des sorcières est de créer un sentiment de connexion chez autrui. Créer du lien entre les Hommes, et entre eux et la nature, cette déesse tant vénérée dans ces mouvements.

Il est intéressant de noter également que pour certaines, la “sorcellerie” n’est pas quelque chose qui se parle, qui s’intellectualise, mais plutôt quelque chose qui se vit, se danse, se ressent. Or, en France – et en Europe majoritairement – c’est justement parce que nous en parlons que certaines personnes ressentent maintenant la connexion avec ces mouvements. Dans notre pays, nous avons un besoin pragmatique, nous devons savoir pour nous sentir proches de quelque chose.

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©️ LisaRedfern / Pixabay

Médecine et pratique de la sorcellerie

Les pratiques occultes

L’historien des dix neuvièmes siècles Jules Michelet expliquait que durant très longtemps les sorcières étaient les médecins du monde. En effet, la pratique de la médecine a longtemps été occulte, ce terme signifiant qu’une chose n’est pas encore expliquée par la science. Ainsi, toute pratique était occulte aux yeux du monde. Il faut également ajouter à cela que les personnes qui pratiquaient les actes de médecine (douce ou blasphématoires pour l’Église catholique) étaient considérées comme des sorcières.

La fin tragique

Guérisseuses, sages-femmes, avorteuse (les curteuses), maitrisant pratique des remèdes, des potions, des onguents et de l’ostéopathie, ces formes de soins étaient punis. Une punition sommes toute largement exagérée puisque conduisant au bûcher pour être brûlé. Ces sorcières avaient dans leurs mains la vie et le bien-être de nombreuses personnes. Elles soignaient, aidaient, mais avaient également un rôle de prévention.
C’est quand toutes ces “compagnes du diable” ont été tuées (elles ont simplement arrêté de pratiquer ou alors continué très discrètement) que les médecins, bien propre sur eux, ont pris la place qu’on leur a connu durant des centaines d’années.

La pratique de la sorcellerie aujourd’hui

Dans la pratique aujourd’hui, personne n’irait jeter la pierre à un herboriste, ou à une personne se soignant aux onguents. Pourtant… On revient de loin ! Certaines sorcières modernes ont toujours à cœur le soin aux autres. Vous trouverez donc des personnes qui s’attellent à la fabrication d’élixirs notamment. Ces remèdes sont des macérations solaires de fleurs dans de l’eau et de l’alcool. En faisant ceci, elles cherchent à exploiter les vibrations et énergies de la plante en les cristallisant dans l’eau. Ces élixirs vont surtout servir à équilibrer la sphère émotionnelle de la personne.

Il y a aussi dans la sorcellerie une importance de la pratique de la médiation, du bien-être, du développement personnel, mais toujours avec ce souci de connaissances savantes. Méditer sous un arbre, mais en connaissant ses bienfaits, ses caractéristiques, aussi bien médicales, que philosophiques ou symboliques.
Toutefois, il y a toujours une praticité et une notion de protection de la nature, pour changer les choses, il ne faut pas juste «rester assise à méditer pendant que d’autres détruisent le monde» explique la sorcière écoactiviste Strahawk lors du reportage.

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Le féminisme chez les sorcières

Les notions de bien-être et de médecine ont longtemps été le domaine des hommes. Puis les choses ont évolué. Doucement. Aujourd’hui, les mouvements féministes naissent un peu de partout et les sorcières en font bel et bien partie.
Les sorcières féministes – ou du moins qui manifestent – sont de femmes, des femmes rebelles avant tout. Des femmes qui cherchent à s’extraire des dictats sociaux. Lorsqu’elles manifestent, qu’elles “performent ”, c’est dans le but des montrer que tout le monde peut exprimer ses revendications. Ouvrir la parole à ceux qui ne sont pas entendus. Pour ses femmes, la notion de “sorcière” peut être différente :

  • Femme marginalisée et qui s’affranchit de ce qu’on lui a appris sur sa place, ses désirs, etc. ;
  • Femme avec des pratiques, une spiritualité wiccanne.

Le mouvement wicca redonne une structure au néopaganisme (renouveau des religions païennes) qu’est la pratique de la sorcellerie. Il comporte des branches neutres, et d’autres très féministes (la wicca dianique) dans lequel longtemps, seules les femmes pouvaient faire partie du cercle. Ceci ce dérigidifie, mais le caractère féministe reste très ancré. Il peut être rapproché du désir de voir chuter le patriarcat présent dans la médecine, dans le monde, dans la société.

Les mots (magiques) de la fin

Les sorcières, aujourd’hui, sont de plus en plus nombreuses non pas pour les “pratiques occultes”, mais plus pour ce que représente la sorcière. Une femme forte, puissante, qui ne se laisse pas marcher dessus. Un éco-féminisme enfin entendu, qui ne cesse de se faire comprendre et connaître. Une nouvelle vision du monde, qui peut-être changera un jour les mentalités. Une compréhension du capitalisme malsain telle que se pratique celui détruisant la nature, si aimée de ces femmes et de ces hommes se disant de la sorcellerie.

Sur ce, je vous laisse prendre soin de vous, et de la nature !

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