Le fait de ne pas vouloir d’enfant fait couler beaucoup d’encre depuis de nombreuses années. Alors que certains ont du mal à concevoir un enfant qu’ils désirent, le choix de ne pas avoir d’enfant est aujourd’hui une alternative de vie revendiquée et assumée. Elle tend même à devenir une tendance sociétale dans de nombreux pays du monde. Alors, où en est-on vraiment ? Quels sont les chiffres de l’infertilité volontaire ? Qui sont ces sans enfant ?
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Les États-Unis, champion du monde de l’infertilité volontaire
Cette constatation émane d’une étude datant du mois de juin 2021 qui a été menée par des chercheurs de l’Université du Michigan. Dans cet État, plus d’une personne sur quatre n’a pas d’enfant. Ce taux est très élevé et dépasse de beaucoup le pourcentage de 2 à 9 % de personnes sans enfant estimé dans les précédentes études.
Une enquête a également été menée auprès de 1 000 adultes. Elle montre que le niveau de satisfaction de vie est comparable entre les personnes ayant des enfants et ceux ayant fait le choix de ne pas en avoir. La seule différence se situe au niveau de la tolérance. Les personnes sans enfant apparaissent bien plus tolérantes envers celles ayant des enfants que l’inverse.
En conclusion, les auteurs révèlent que les tendances observées pourraient être généralisées à nombre de pays riches. Elles seraient liées à l’anxiété face à l’avenir tant économique que climatique, mais aussi face aux pandémies comme celle du COVID 19.
La France célèbre l’enfantement
En comparaison, la France est très fertile. La dernière étude française a été menée par l’INED (Institut national d’études démographiques) en 2014. Elle a mis en lumière que seuls 6,3 % des hommes et 4,3 % des femmes déclarent ne pas avoir d’enfant et ne pas en vouloir. Ces conclusions font échos aux résultats issus de l’Eurobaromètre qui a été réalisé en 2006 où 95 % des Français déclaraient souhaiter avoir au moins un enfant. Aussi, la moitié des femmes et des hommes volontairement sans enfant sont en couple, dont 60 % au-delà de 30 ans.
Cette tendance mérite d’être aujourd’hui réévaluée pour être totalement pertinente. Elle confirme cependant le positionnement “nataliste” du pays où les politiques familiales sont avantageuses par rapport à d’autres pays européens.
Le profil des sans enfants
Mais qui sont ces hommes et ces femmes qui ne veulent pas d’enfant ? Selon Anne Gautman, sociologue et directrice de recherche au CNRS, le profil des sans enfants évolue, et ce, depuis les années 2000.
Au tournant des années 2000, on estime qu’en Grande-Bretagne 50 % des femmes de 40 ans qui occupent des postes de responsabilité et de direction sont sans enfant. En Allemagne, on ne compte que 9 % de femmes n’ayant pas fini leurs études secondaires, contre 44 % qui sont diplômées du supérieur. En Suisse, 21 % des femmes de 40 ans sont sans enfant, contre 40% de femmes diplômées du supérieur.
Ces tendances sont en constant mouvement et tendent à s’uniformiser, quelle que soit la situation socioprofessionnelle de la personne. Toutefois, les individus restant longtemps chez leurs parents comme ceux se mettant en couple tardivement seraient plus susceptibles de ne pas avoir d’enfant. De plus, les femmes qui n’ont pas d’enfant considèrent le travail comme quelque chose de tout aussi important que le mariage ou la maternité. Elles travaillent d’ailleurs bien plus que les femmes ayant des enfants. Elles seraient également plus proches des mouvances féministes que les mères ou les femmes désirant des enfants.
Pour aller plus loin :
- Etude INED sur le désir d’avoir des enfants en France, 2014
- Etude aux Etats-Unis sur le désir d’avoir des enfants, 2021
- Article Cairn- le choix de ne pas avoir d’enfants, ultime libération ?
- Etude sur la fécondité en Europe au tournant des années 2000